Pulsart - Démarche

DISPOSITIF

C’est sur la demande d’une ville ou d’une collectivité locale, par l’intermédiaire de ses services culturels, enfant-jeunesse ou prévention de la délinquance que Pulsart peut intervenir. D’autres interlocuteurs, comme des centres sociaux-culturels, des MJC, des fédérations d’éducation populaire, des inspections académiques, peuvent également solliciter l’association.

Le commanditaire présente alors la problématique sur laquelle il souhaite agir, ainsi que l’environnement local : enclavement d’un quartier, relations intergénérationnelles, mixité sociale et culturelle, intégration des minorités, échec scolaire, violences, rupture de dialogue, montée de l’extrémisme, éducation et formation, …

Les artistes de Pulsart, entourés d’urbanistes, d’architectes, de sociologues et des différents acteurs du lieu même d’intervention vont alors préconiser une action à partir d’un concept original d’interventions artistiques qui sera validé par les partenaires de l’opération et qui pourra être modifié ou qui pourra évoluer si nécessaire.

L’action est conçue en fonction du public visé. Pulsart intervient sous la forme d’ateliers de pratiques artistiques principalement auprès d’un public de 8 à 25 ans avec des modules ou actions annexes en direction des familles (expositions, repas de quartier, spectacles, etc…).
Une fois le concept de l’action validé, les relais locaux constituent les différents groupes de participants. Lorsqu’il s’agit d’un public composé de jeunes, l’action peut se faire soit durant, soit hors temps scolaire.

Une personne référente est systématiquement désignée soit au niveau du groupe scolaire, soit au niveau de la structure d’animation ou de l’association partenaire du projet. Au minimum, deux artistes intervenants encadrent l’action permettant ainsi un relais constant entre la dimension artistique et la dimension humaine et sociale.

D’autres personnes peuvent également intervenir pour faciliter l’implantation et le travail de Pulsart. Leur concours doit s’opérer pendant toute la durée de l’action. Le temps d’une action est d’environ un an. Dans certains cas, des partenariats étroits avec les villes permettent de reconduire une action d’une année à l’autre. Sinon, nous essayons de revenir tous les deux ans en nous appuyant sur les relais et acteurs locaux qui ont suivi et ont participé au déroulement de l’action. Ces intermédiaires sont indispensables pour faire vivre le projet et pour se l’approprier.

L’intervention de Pulsart fait dans la mesure du possible l’objet d’une  » trace  » sous la forme de vidéos, CD, livre-objet, sculpture, fresque, installation … etc. Le but des interventions de Pulsart n’est pas la fabrication de cette  » trace  » mais elle permet à chacun de conserver le souvenir de ce qui s’est déroulé, de valoriser le travail mené, de garder la preuve, de mieux  » vendre  » une intervention à venir. Il s’agit également pour Pulsart d’archiver concrètement des actions dont les aspects essentiels se situent dans le contact et l’échange, une manière de rendre compte, par défaut, de ces dimensions difficilement quantifiables ou évaluables.

L’une des particularités de Pulsart est d’intervenir simultanément sur plusieurs quartiers d’une même ville, ce qui vient renforcer le caractère fédérateur du projet en stimulant tous les axes transversaux de la vie culturelle et sociale de la ville. Ceci a aussi pour avantage de rendre visible et lisible une politique culturelle à l’échelle municipale car les interventions et réalisations sont très souvent implantées dans l’espace urbain in situ (parcours, installations, fresques, sculptures, …).

Par le vecteur artistique, une communication inter-quartiers s’établit mais aussi entre les quartiers et le centre-ville. Les commerçants, la population ou les entreprises peuvent aussi être sollicités suivant le contenu et les objectifs du projet.

DIMENSION STRUCTURANTE

L’effet premier de ce type de projet est de développer une synergie entre les acteurs d’une ville qui n’ont pas forcément l’habitude d’un travail en commun. Pulsart fait ainsi figure de catalyseur de la rencontre entre acteurs relevant des champs de l’art, de la culture et du social.

C’est le principe du partenariat qui permet de générer des projets en commun et ce principe est une des conditions sine qua non de l’intervention de Pulsart. Chaque projet doit provoquer des rencontres du fait du croisement des financements et de la nécessité de mobiliser des acteurs locaux variés en vue de l’ouverture des activités à des publics différents.

La réussite d’un projet est d’ailleurs intimement liée à la capacité de chacun d’œuvrer ensemble. Si des services municipaux, un centre culturel, une MJC, une mission locale et tout autre intervenant ou acteur publique ne sont pas en mesure de coordonner leur action, il est difficile alors de demander aux habitants ou aux jeunes de dégager des intérêts communs à la collectivité et de développer des réflexes citoyens et solidaires.

C’est pourquoi, il est nécessaire de définir des objectifs communs liés à la transformation sociale qui ne peuvent l’être qu’à travers une politique culturelle forte affirmée à l’échelle de la ville.
La démarche de Pulsart est éminemment politique : il s’agit en effet de mener chacun à se sentir non seulement concerné par ce qui se déroule au plan social, culturel, politique dans son environnement proche mais surtout à y prendre part, individuellement et surtout collectivement.

Pulsart travaille à un rapprochement des objectifs sociaux et culturels. Les différents champs d’actions ministériels habituellement cloisonnés trouvent dans les actions menées par l’association une occasion de rapprochement.

Les discours tenus et les actions menées affirment et démontrent que les problématiques ne relèvent pas d’une logique unique et qu’il faut relier les différentes politiques ministérielles en vue d’améliorer la situation des quartiers et des personnes qui y vivent.

MÉTHODE PÉDAGOGIQUE

Les objectifs d’une action artistique et culturelle doivent se définir à partir de la capacité des participants à pouvoir retranscrire leur propre expression, ce qui est la condition première à l’émulation d’une population autour d’un projet. C’est une rencontre qui doit se produire entre des artistes et les participants des ateliers. Il s’agit de mettre en place les conditions nécessaires à une création partagée.

Ceci implique au début de l’atelier une direction forte de la part des artistes intervenants marquant la rigueur nécessaire à l’aboutissement artistique du projet et donc à l’intelligibilité de l’expression des participants. C’est au cours de l’action que l’autonomisation va s’instaurer, voire progresser, quitte à dévier du concept artistique initial si cela doit favoriser la réussite du projet. Les méthodes pédagogiques relèvent de la pédagogie inductive : c’est le projet qui détermine l’action et c’est dans l’action que chacun devient force de propositions et apporte sa pierre à l’édifice commun.

La méthode fonctionne en deux temps : élaboration collective d’un projet et participation de chacun à sa réalisation. C’est dans l’action que se structure l’apprentissage du  » travailler ensemble « , en passant par l’utilisation de techniques, la formulation des contenus véhiculés, l’appropriation du sens, la capacité de porter un regard sur ce qui s’est produit …

Les Arts Plastiques sont un outil très performant lorsqu’il faut encourager rigueur, persévérance, concentration, assurance et expression personnelle.

L’efficacité de cette méthode repose également sur l’organisation des actions : un emploi du temps assez dense et resserré dans le temps pour les ateliers, l’appropriation d’un lieu sur un temps donné, une organisation par phases : déroulement des ateliers, interventions d’artistes, exposition, bilan.

Par ailleurs, Pulsart participe également à la formation des acteurs locaux en imposant un certain nombre de conditions à la mise en place et à la réalisation de ses actions. Il ne s’agit pas de plaquer une action conçue par Pulsart mais de monter ensemble un projet qui permette la rencontre des compétences, savoir et savoir-faire des uns et des autres.

Un projet est conçu en partenariat entre Pulsart et les acteurs locaux, les actions sont menées dans un cadre d’intervention bien établi et avec une répartition des responsabilités de chacun, on mobilise largement et l’on évolue ensemble.

L’exigence artistique, le rappel systématique des objectifs de fond, l’établissement d’un rapide diagnostic local, la formulation des objectifs des actions, les temps de rencontre et d’évaluation participent de la formation des acteurs locaux par Pulsart. Et il s’agit bien d’un échange puisque Pulsart se nourrit dans la confrontation au local.

DYNAMIQUES

Les publics visés sont souvent majoritairement des publics en difficultés ou en situation d’échec scolaire ou socio-professionnel.

Il est donc impératif de leur faire prendre conscience qu’il est possible pour eux de s’investir dans une action et, de ce fait, participer à la vie du quartier, de la ville.

Participer, c’est déjà s’en croire capable : capable de prendre sa place, de prendre la parole même si pour ce public, l’expression peut être difficile. Les artistes ont sans doute, à ce niveau, la responsabilité de faire partager cette capacité d’expression.

S’EXPRIMER… MAIS À QUOI BON ?

L’impression que l’on n’est personne domine. S’exprimer, c’est oser dire que l’on est quelqu’un. Pour qu’une personne puisse accéder à une compréhension artistique, elle doit à la fois se confronter à ses propres capacités d’expression, au travail d’artistes que l’on peut considérer comme professionnels et aux regards que les autres portent sur son propre travail comme sur le travail d’autrui ; le tout dans la convivialité et dans le plaisir de la rencontre.

Pouvoir participer à la vie culturelle de sa ville, c’est être admis au rang de citoyen. L’action collective, fondement des projets de Pulsart à travers les interrogations individuelles de chacun, reste l’étape à franchir au niveau du quartier.

Trop peu d’associations, de regroupements d’habitants subsistent à l’intérieur des quartiers en comparaison avec les années 70. C’est aussi le rôle de l’artiste que d’être vigilant, de faire en sorte que la culture vive, et qu’elle ne meure pas.

L’action artistique et culturelle peut être une réponse, un des instruments possibles pour réduire les inégalités et faciliter l’intégration des populations issues de l’immigration. Elle permet de passer de l’état de passivité à l’état de spectateur, voire d’acteur.

Elle permet de nombreuses combinaisons entre les infrastructures d’une ville, de son coeur à la périphérie, de ses banlieues à son centre-ville.