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LIGNES DE VIE : L’ACCEPTATION
Suite à une première prise de contact à l’été 2005, le CMP-Beaulieu a fait appel à l’association Pulsart pour mettre en place une action artistique à destination des jeunes du Centre en 2006. Il est apparu que les thèmes du risque et de la dépendance pouvaient s’avérer particulièrement à propos dans la mesure où ces deux notions sont primordiales dans le quotidien de ces adolescents.
Outre les retombées personnelles et comportementales qu’il est raisonnable d’envisager, il s’agit de permettre à ces adolescents d’être partie prenante d’un projet qui participe de la création du Beau et du bien commun.
Le projet répond à la volonté de Pulsart et du personnel de l’établissement de lutter activement contre l’exclusion et l’isolement dont sont victimes les adolescents handicapés. Ainsi, les pratiques artistiques et de manière générale la culture sont rendus accessibles au plus grand nombre.
L’action s’articulait autour des deux volets du risque et de la dépendance parfaitement complémentaires pour des jeunes confrontés au handicap physique après avoir pris des risques ou avoir été victimes d’une prise de risque. Ces deux volets peuvent être décomposés en 5 éléments distincts correspondant aux différentes étapes traversées par le jeune handicapé. On peut les détailler de la manière suivante : après le risque vient le bouleversement d’un état, celui de la vie d’avant, dont la dépendance est l’élément le plus visible. Puis intervient un processus d’acceptation plus ou moins long, lui-même fondement d’une transformation possible pour le jeune, sorte de métamorphose qui repose sur la transformation de la faiblesse du handicap en force de vie et de création.
Les adolescents du Centre médical et pédagogique souffrent pour la plupart d’un handicap consécutif à un accident. Quelles qu’en soient les circonstances, il est le plus souvent consécutif à une prise de risque de la part du jeune ou d’autrui.
Or, le risque se trouve au cœur de la vie même et, s’il porte en lui le danger d’un accident ou d’un dérapage, n’en est pas moins irréfragable. Il est donc nécessaire d’apprendre à l’appréhender. Il s’agit avant tout de l’identifier, puis de l’analyser en tant qu’élément ambivalent : porteur de plaisirs comme de souffrances parfois, toujours à la marge entre ces deux éléments.
Les bouleversements qui sont la conséquence de cette première prise de risque sont nombreux et dépendent du type de handicap survenu ainsi que du caractère de chacun. Ils induisent en tout cas systématiquement une autre perception du monde. De la même manière, la dépendance à laquelle doivent faire face ces adolescents est protéiforme. Elle est de divers degrés et de diverses formes en fonction de la gravité du handicap, des possibilités de récupération et du niveau d’avancement dans le travail d’acceptation. Mais elle est aussi multiple dans son objet car il s’agit pour ces adolescents d’une dépendance vis-à-vis d’autrui, mais également d’eux-mêmes, de leur propre corps et par extension, de leur handicap.
Par ailleurs, la dépendance est elle aussi, omniprésente dans la vie des personnes valides. Il s’agit, par exemple, de la dépendance du nourrisson à la mère, de l’adulte à la nourriture, à l’air, aux autres, à l’être aimé ou désiré, etc. On le voit, la dépendance prend des formes plus ou moins subtiles et occultées. Il n’en reste pas moins qu’elle existe pour tous et à tous les niveaux.
Les ateliers se sont efforcés de mettre en lumière toute la complexité de la dépendance pour permettre aux jeunes d’identifier celle qui est la leur et de l’accepter, peu à peu.
La phase d’acceptation du handicap, et de la dépendance qui est son corollaire, peut s’avérer plus ou moins longue. Elle permet une transformation du jeune dans sa manière d’être, de réagir mais également dans sa capacité de création. Ainsi, ces ateliers permettent aux adolescents de prouver leur capacité d’invention, de renouvellement et d’invention, au-delà du handicap. Ils leur permettent de surmonter leurs inhibitions et leurs peurs. La création artistique devenant par là-même médium permettant de transcender le handicap.